Du mouvement des hospices aux maisons de soins palliatifs

L’intuition fondamentale du « mouvement des hospices » s’enracine dans les grandes traditions philosophiques et religieuses ; il existe de nombreux antécédents des soins palliatifs.

Ainsi, trois siècles déjà avant notre ère, les grands monastères bouddhistes en Inde et à Ceylan accueillaient les voyageurs, les pèlerins et les malades pauvres. Par exemple, en 238 avant J.-C., l’empereur Asoka créa à Varanasi sur le Gange le premier « refuge pour mourants ».

Six siècles plus tard, les monastères chrétiens de Césarée de Cappadoce, fondés par Saint Basile, poursuivent cette pratique hospitalière imprégnée de spiritualité.

Dès le Xème siècle, les Croisades ont multiplié les Hospices sur les routes de Jérusalem. Ils étaient tenus par les ordres célèbres des Chevaliers de Malte ou des Frères de St-Jean, à la fois moines, soldats et infirmiers. Ils accueillaient les malades et les mourants à côté des voyageurs et des pèlerins (Lombardie, Anjou, Lausanne).

Au Moyen-age, les léproseries (les «maladières») prolifèrent en communautés. L’émergence contemporaine du « mouvement des hospices », quant à elle, propose un modèle de soins spécifiques à la fin de vie acceptable pour une collectivité. Le Mouvement des Hospices exprime une réaction face à la déshumanisation de la mort telle qu’elle s’était progressivement installée dans les sociétés matérialistes et leurs hôpitaux. Les soins palliatifs représentent « la voie du milieu » entre l’acharnement thérapeutique et l’euthanasie ou l’assistance au suicide. 

Quelques dates :

1842

Jeanne Garnier fonde plusieurs «hospices» à Lyon, destinés à accueillir des patients incurables. Ils sont desservis par les «dames du Calvaire», communauté laïque de veuves.

1879

Ouverture à Dublin, sous l’impulsion de Mary Aikenhead, fondatrice de l’Ordre des Sœurs irlandaises de la Charité, du premier établissement spécifiquement destiné aux personnes en fin de vie, l’Hospice de Notre-Dame de Dublin

1893

Le Dr H. Barrett ouvre en Grande-Bretagne, à Sheffield, le St Luke’s Home pour les mourants.

1905

Les Sœurs irlandaises de la Charité créent à Londres l’Hospice Saint-Joseph pour les malades incurables.

1950

La Dresse Cicely Saunders se consacre au soulagement de la douleur cancéreuse (utilisation de la morphine buvable) et introduit la notion de «douleur totale».

1967

Cicely Saunders († en 2005) ouvre le Saint Christopher’s Hospice, pionnier des quelque 140 hospices existant actuellement en Grande-Bretage.

1968

La psychiatre américaine d’origine suisse, Elisabeth Kübler-Ross († en 2004), publie ses premières recherches sur l’accompagnement des mourants et oriente les soins palliatifs sur un accompagnement psychologique des mourants (phases du deuil). 

1975

Le mouvement se poursuit au Canada, grâce au Dr Balfour Mount et le premier "service de soins palliatifs" est créé au Royal Victoria Hospital de Montreal, en même temps que la première chaire de Soins Palliatifs. Sous ce vocable, l'accompagnement thérapeutique des patients atteints d'un cancer au stade terminal devient un concept moderne de la médecine et des soins palliatifs.